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La Chronique des Bridgerton : Eloïse 

  • Photo du rédacteur: Candice Metzger
    Candice Metzger
  • 31 mai 2024
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 nov. 2024




Très chers lecteurs, 


Si chaque nouvelle saison annonce le départ d'une course effrénée au mariage, il en est certaines pour qui cette perspective est loin d'être un enchantement Et dans cette liste de fières célibataires, Eloïse de La Chronique des Bridgerton est sans nul doute celle qui figure en tête. 


Il faut dire que la dernière saison a été particulièrement riche d'obstacles pour la pauvre femme. Les braises de premiers émois amoureux, éteintes avant même d'avoir la chance de devenir flammes. Une réputation entachée au point de frôler dangereusement l'exil social. Et même une amitié en péril, si l'on en croit l'insistance peu subtile avec laquelle Eloïse et Pénélope Featherington semble s'éviter. Pour une jeune femme en pleine tourmente, un mariage, aussi avantageux soit-il, n'est alors que le cadet de ses soucis.


Oh non, mes chers lecteurs. Eloïse Bridgerton n'a jamais eu besoin d'un homme pour diriger sa vie, ce n'est certainement pas maintenant qu'elle commencera. Lorsque le changement devient une nécessité, il ne revient qu'à nous-même de le créer. Et quel meilleur moyen de rompre avec son passé que de nouvelles relations, voire mieux, une nouvelle garde-robe ? C'est chose faite avec une amitié des plus… surprenantes. Votre chroniqueuse ne peut que regarder, de ses yeux écarquillés, Eloïse Bridgerton converser joyeusement avec Cressida Cowper, d'entre toutes. Les fans de la série se rappelleront très bien les combats qui ont jadis opposés les deux femmes. Une rivalité acharnée qui a débuté lorsque Cressida, sous couvert de cruelles insultes envers la chère amie d'Eloïse, avait tenté d'inviter cette dernière à rejoindre son cercle. Réponse de l'intéressée ? Je préfèrerai mourir. Si votre fidèle chroniqueuse - à l'éducation irréprochable - concède que de tels mots feraient s'évanouir les âmes sensibles de la société, elle ne peut nier le sourire qui ornait ses lèvres devant la scène. Et ses pensées, bien plus audacieuses encore, qui ne tenaient qu'en quelques mots : Bien joué ma fille


Mais un cœur blessé peut oublier les vieilles rancunes lorsqu'on lui témoigne de la gentillesse. Dans de sombres moments, la compassion - même venant de la plus inattendue des personnes - éclaire de sa lumière le chemin des âmes meurtries. Et ne dit-on pas que les contraires s'attirent ?


Une jeune fille vêtue de bleu sourit

Cette nouvelle saison s'annonce donc sous le signe bienheureux de la transformation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, pour les jeunes femmes de Londres. Et au jeu de qui saura créer la surprise, Pénélope Featherington et Eloïse Bridgerton semblent décidé à en être les maîtresses. Délaissant ses robes rigides, la jeune femme s’affiche désormais dans des tenues plus flamboyantes, chose qu’elle n’aurait faîte auparavant que sous la menace d’une arme, et encore. Les tissus se subliment de broderies, nœuds et volants, tout en conservant une certaine légèreté. Loin d'en être alourdies, les étoffes accompagnent le moindre mouvement, s'animent à la moindre brise d'une vie qui leur est propre. De même que pour Pénélope, la superposition de tissus crée davantage de texture et de relief, à la manière des jardins en fleurs. Où les couleurs se confondent et révèlent de nouvelles nuances, reflet des changements auxquels fait face notre héroÏne.


Un style qui se veut plus adapté à ce que l'on attendrait d'une jeune fille de haute lignée. A défaut d'une garde-robe plus pointue - à l'image de Pénélope Featherington - John Glaser et son équipe ont confectionné à Eloïse un dressing davantage dans l’ère de son temps. Mais loin de me laisser aller à une vulgaire comparaison, je préfère saluer l'audace de Miss Bridgerton. Celle de sortir de sa zone de confort et de s'exposer au monde. Et je dois dire, chers lecteurs, qu'Eloïse Bridgerton l'a fait avec brio.

Avec des silhouettes plus féminines, et des noeuds de la dernière mode, le style de la jeune femme s'harmonise avec celui des autres débutantes. Une touche d'élégance plus que bienvenue et qui, oserai-je le dire, lui donnerait un air presque royal. Après tout, on ne peut jamais se tromper lorsque l’on s'inspire d’un classique du cinéma, porté par une icône de mode reconnue. Chers lecteurs, j'ai nommé : la sublime Audrey Hepburn dans My Fair Lady, chef d'oeuvre de 1964.


Tout comme le personnage d’Eliza, joué par la merveilleuse Audrey Hepburn - je ne peux malheureusement me montrer objective dès lors qu'il s'agit de mon actrice favorite - Miss Bridgerton est bien loin de répondre aux standards de la haute société. Mais au contact de ces pairs, elle se transforme et entreprend son voyage pour conquérir cette nouvelle féminité qui s'offre à elle. Sans bien sûr, délaisser cet esprit vif qui fait d’elle Eloïse Bridgerton, pour le grand bonheur de votre fidèle chroniqueuse.

Et nous ne pouvons que féliciter le génie de Glaser et de ses collaborateurs pour le choix d'une telle source d'inspiration, où les liens entre les deux oeuvres se révèlent jusque dans les plus petits détails. Ainsi, dans le métier d’Eliza en tant que fleuriste, l'on peut y entrevoir un écho aux costumes de cette dernière saison, sous le thème des jardins fleuris. Les amoureux des plantes auront déjà reconnu l’espèce du géranium des près, ou meadow cranesbill en anglais, dont les broderies subliment cette robe de bal et réhaussent son éclat. Peut-être un clin d'œil à son futur grand amour ? Les fans en sont assurés. Pour John Glaser à qui la question fut posée, la réponse fut un éloquent “ Nous n’en avions aucune idée ” accompagné d’une expression flagrante d'incrédulité.


Les secrets dissimulés dans les couches de tissus, à dessein ou non, façonnent les costumes et leur signification plus profonde. Chaque nouveau regard décèle un nouveau détail, une nouvelle compréhension de ces personnages dont nous contemplons l'histoire.

Une dextérité de la part de cet esprit créatif qu'est John Glaser, et qui est d'autant plus vraie lorsque l'on porte attention aux deux grandes familles de la série : les Featherington et les Bridgerton, dont les différences se reflètent dans leurs univers très contrastés. 


Pour les Featheringtons - nouveaux riches en quête d'attention - des palettes de couleurs d'agrumes et aux tonalités vibrantes, accentué par des bijoux en or. Le costumier de la saison 3 avait d'ailleurs avoué s'inspirer de la maison Versace pour concevoir le dressing de la famille.


Deux filles vêtue de robes bleu dans un salon

Pour les Bridgerton, famille reconnue et appréciée, une harmonie plus assagie avec la maison Tiffany et une esthétique très Old Money. Point de clinquant pour cette famille qui n’a rien à prouver. Palette de tons plus poudrés mais tout aussi élégants tels que l’argent, le vert et bien entendu, le fameux bleu Bridgerton. Emblématique de la série et symbole de notre fratrie préférée, il habille aussi bien leur garde-robe, que la décoration de leur maison.


Certains connaisseurs à l'oeil avisé sauront d’ailleurs le reconnaître sous le nom de bleu Wedgewood. Très prisé durant la Régence, il ornait les céramiques chères et la porcelaine fine. Par son utilisation, le prestige et le statut social des Bridgerton sont alors mis en lumière de la plus habile des manières. Une teinte claire mais qui possède une certaine profondeur, voilà qui correspond parfaitement à cette famille à la réputation aussi respectable que délicieusement scandaleuse. 


Si Eloïse a désormais pleinement adopté la couleur familiale - preuve de l'acceptation de son identitée de Miss Bridgerton au sein de la société - elle enrichit ses toilettes par touches de pastels, de blanc, de vert, mettant en évidence sa jeunesse et lui permettant de se fondre davantage parmi l'élite londonienne.




Les évènements de la dernière saison ont eu des effets non négligeables sur Eloïse. En conséquence, il semble que la jeune Bridgerton ait perdu quelque peu de sa combativité pour rejoindre le troupeau. La défaite laisse un goût amer même aux plus courageux, et lorsque l’on ne peut battre ses ennemis, peut-être est-il plus judicieux de les rejoindre. Votre chroniqueuse espère qu'il ne s'agit là que d'une faiblesse de coeur passagère, alimentée par le chagrin et la perte de son amitié avec Pénélope. La vivacité d'esprit et une langue acérée sont de merveilleuses qualités et ce serait un drame que de les voir se perdre.


Ainsi, le choix de nuances pastels coÏncide avec son désir de voir ce que la société a à offrir, ce qui est évident dans ses tentatives maladroites - et votre chroniqueuse est experte en la matière - de développer de nouvelles amitiés avec les autres débutantes. Alors qu'elle essayait activement d'échapper à ses devoirs de jeune lady auparavant, Eloïse semble les avoir acceptés dans la saison 3, à défaut d'en manifester un quelconque intérêt.

Deux femmes marchent dans un parc

La camaraderie inattendue entre Eloïse et Miss Cowper s'incarne également dans leur palette de couleur, plus adoucie et harmonieuse. Nous pouvons nous remémorer cet ensemble manteau et robe, revêtu lors d’une sortie au parc en compagnie de Cressida. Où la broderie florale du manteau vert pâle, complète à merveille sa robe aux nuances de lila. Toutefois, Miss Éloïse peut se vanter d'un style davantage en subtilité que celui de son amie, dont les épaulettes semblent gagner en volume à chaque nouvelle apparition. Il serait peut-être temps que quelqu'un fasse entendre raison à cette femme avant qu’elle ne puisse plus passer les portes. Ou pire. Je ne peux que plaindre le malheureux qui aurait la malchance de se tenir dans la trajectoire d'une de ces choses.


A mesure qu'elle prend sa place de femme du monde, nous voyons la garde-robe d'Eloise Bridgerton évoluer. Un tournant radical quand on se remémore les saisons précédentes, où le design de ses robes traduisait son esprit non-conformiste. "Elle a résisté à la société, que ce soit avec la longueur de ses robes ou la simplicité de la façon dont elle s'est présentée et la taille de ses vêtements par rapport à toutes les autres femmes de la série", a déclaré Mirojnick, créatrice des costumes de la première saison. « Elle détestait les nœuds, les volants, la dentelle. Elle est toujours boutonnée. ». 


En véritable féministe têtue aspirant à se battre contre les dictates insensés de la société, même ses coiffures symbolisaient sa nature rebelle : tandis que la majorité des femmes portaient leurs cheveux en chignons élaborés, Eloise préférait ses cheveux lâchés.



Lui conférant une apparence de petite fille savante, ses tenues comportaient des cols fermés jusqu'au menton et des manches longues opaques, donnant une sensation d'oppression. On peut y voir un parallèle avec le ruban croisé aux motifs de rose qui embellit son manteau. Désormais, ses vêtements se dessinent avec élégance, miroir de sa conscience croissante à l'égard du monde et de l'étreinte de sa féminité.


La mode n'est plus une cage pour Eloïse, elle devient une camarade, une arme dans la conquête de son indépendance. Même si Miss Bridgerton n'en a pas encore pris conscience.


Très chers lecteurs, voilà qui clôt La Chronique des Bridgerton : Eloïse


Je pense qu’il est temps de mettre en pause le chapitre Bridgerton. D’autres contrés m’attendent et avec elles, d’autres histoires qu’il me tarde de vous raconter.


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